Les écrits de Doul Chaman

Pendant la marche, il y a cette présence qui s'installe dans notre corps en mouvement. Tout se rapproche. Ce qui est au loin, tout comme les éléments à nos côtés, convergent en nous. Tout insiste en nous. @kapsore 

En cheminant, c'est toujours de soi-même qu'on fait l'expérience; que l'air soit vif, sec, transparent, ou que le corps s'éveille dans le mouvement des brumes. 

Les bonhommes en carton n'éprouvent rien. 

Tant que le monde s'offre aux mots, nous aurons un monde à écrire.

J'ai une certaine expérience des hommes et des choses. Pourtant je n'en retire rien ou presque. Elle m'a uniquement permis de voir que nous en sommes tous au même point et que c'est cela l'Unique. Cette unicité n'a pas d'équivalent, elle ridiculise tous les génies.

Une vie pour accepter le simple fait d'être là, pour marcher dans la lumière. La vie est pourtant là, avec sa géniale indifférence. Elle est sans avoir été et sans avoir à être. Pourquoi tissons-nous chaque jour notre séparation, notre malaise ?

On peut élargir son espace sans cesse, mais cet espace reste confiné. J'y serais prisonnier et toi poésie. La vie s'enflera de vide et de silence. Nous diffuserons nos haleines de sable. Nous rendrons la poussière.

Encore quelques heures de sommeil et je me remets au repos

Ce qui me fait du bien ? Observer une âme fraîche ou assister à l’expression d’une joie naïve… La simplicité me déconcerte

Se fixer. Offrir quelques instants à l'ennui. Se laisser séduire par le temps. Attendre son présent. photo wasinburee

L'habitude de se sentir perdu peut nous sauver. La pluie s'obstine toujours sur le réel. S'appliquer dans le désordre, s'attarder dans le chaos, est une façon de gérer son temps.

On ne peut séjourner très longtemps dans la chambre intérieure de l'âme. Soyons de passage !

Nous sommes cette vague d'écume, nous sommes ce torrent. Nous sommes cette pousse, ce serpent qui ondule, cet arbre robuste. Nous sommes feuillage, nous sommes écorce, nous sommes cette morsure, ce baiser. Nous sommes la boue, nous sommes la chaleur. Nous sommes désert, nous sommes toile. Nous sommes blizzard, nous sommes dune. Nous sommes charge, nous sommes plume... Nous ne sommes pas séparés. photo Kaylavarley

Poser quelques mots sur sa vie et se dire qu'on a le coeur juste.

Quand la conscience s'empare de l'unité et qu'on voit que TOUT est là. Je ne vois pas l'éternel recommencement, je vois l'éternel état.

Tu ne pourrais pas désirer une paix et un bonheur permanents si la permanence n'existait pas dans ta propre nature.

Quand les pensées cessent de tourbillonner et qu'une seule pensée subsiste à l'exception de toutes les autres, on dit que c'est la contemplation.

"ce qui n'est pas est à jamais perdu, ce qui est est à jamais présent, ici et maintenant." C'est l'ordre éternel des choses. A la lecture, cela semble évident. Mais il est insuffisant de penser cette phrase. Il est insuffisant de la comprendre. Il faut la VOIR. Rappelons nous cette femme qui pensait avoir perdu le collier qu'elle portait autour du cou.

Le renoncement bouddhiste semble s’apparenter au refus de s’installer dans cette vie, de ne pas en accepter l’état. Atteindre l’illumination et ainsi en finir avec le samsara est un merveilleux témoignage d’êtres humains qui reconnaissent l’imperfection de l’existence et leur incapacité à y trouver le bonheur. Ils mettent tout en œuvre pour améliorer les suivantes. Ils espèrent encore en finir avec cet éternel recommencement. Encore faut-il y croire. Encore une fois y croire. Peut-on vraiment en sortir ?

A quand l’inondation par la lumière, à quand ce grand principe de lumière qui atteint les cœurs. L’attention est la seule façon de se laisser pénétrer par cette lumière qui abonde. Alors un tant soit peu d’attention. Il en va de notre amour pour la vie.

Voilà certainement ce qui me guidait : réaliser une multitude d’instants achevés. Une de ces révélations banales qui apportent le sentiment de l'étendue. Nous répondons à toutes nos questions par le simple fait d'exister. En marchant, rien ne se déplace vraiment. La présence s’installe lentement dans le corps. Tout insiste toujours davantage dans notre corps. Nous n’avons que la vie. Avec ou sans imagination.  C'est bien le seul intérêt de la vie, il n'y a rien d'autre. Autant s'attarder sur la vérité dégraissée de toutes les supercheries.